2007
Aqueduc organise sa sortie automnale, le dimanche 7 octobre, en Avignon
Vouloir visiter Avignon par un printanier dimanche d’automne, c’est d’abord faire des choix, Avignon est si riche en sites et musées, conséquence d’une vie fort tumultueuse depuis des millénaires. C’est ensuite se demander comment y pénétrer, porte dans les remparts, si étroite qu’un autocar ne s’y introduit que par miracle. C’est, enfin, se réjouir de n’y trouver que peu de touristes, alors qu’il en débarque plus de 600 000 par an.
Le Palais des Papes s’impose ; nous visiterons douze de ses vingt-cinq salles ; et il nous en impose : le plus grand palais gothique du monde chrétien, illustration vivante d’un lexique d’architecture, avec ses trompes et trumeaux, linteaux et piédroits, archivoltes et ouvertures trilobées,… Mais aussi, “la plus belle et la plus forte maison du monde”, avec sa cuisine où peuvent rôtir quatre bœufs en même temps, la hotte montant à 18 mètres de haut! Avec la Chambre du Pape où s’entrelacent des feuilles de vigne peuplées d’oiseaux, symboles des pouvoir temporel et spirituel si souvent imbriqués ici ; la Chambre du Cerf, dont les fresques de 1343 dues à Matteo Giovanetti illustrent la chasse et la pêche ; le Grand Tinel (la salle des tonneaux), salle des grands banquets, avec l’estrade pour le pape, où le faste du Pape Clément VI peut se déployer : festins pantagruéliques, dignes des tables royales, bien loin de l’austérité de Benoît XII, le deuxième des sept papes, sans compter les deux anti-papes avignonnais, ancien moine cistercien de l’ abbaye de Fontfroide, qui avait fait construire le premier palais, sobre et rustique, mais surtout le cloître.
Confusion des genres, c’est aussi dans le Grand Tinel que se tinrent à partir de Clément VI les conclaves, là que furent élus papes et anti-papes. Car il y eut tout de même une vie religieuse à Avignon. Le Grand Consistoire accueillait les réunions touchant au dogme et à la religion, on y canonisait, on y recevait grands personnages et rois. La Grande Chapelle, construction encore marquée par le roman mais déjà par le gothique, aussi longue que la cathédrale d’Amiens, voyait se dérouler l’apparat des grands-messes et des cérémonies de prestige. La Loggia, la pièce la plus décorée, était le lieu le plus significatif du pouvoir spirituel puisqu’on y couronnait le pape ; de la fenêtre, il saluait la foule et faisait pleuvoir les Indulgences!
Et enfin, pour échapper peut-être à la prison des murs épais, la Terrasse des Grands Dignitaires, tout en haut, offrait à la vue un vaste et reposant paysage. N’est- ce pas là que la malheureuse mule du pape dut grimper, houspillée par le diabolique Tistet Vedène : mais on n’a pas oublié ce qu’il advint de lui, sept ans plus tard.
Mais peut-on quitter Avignon et ses illustres personnages sans un détour par le non moins fameux Pont Saint-Bénezet, construction mythique de vingt-deux arches dont seules trois subsistent ? Destruction grossièrement réaliste en revanche par les troupes du roi Louis VIII en 1226, parce que les Avignonnais avaient pris le parti du Comte de Toulouse et persécuté les catholiques, lors de la Croisade des Albigeois. Et cela, moins d’un siècle avant d’accueillir les Papes !
Paradoxes et mystères des affaires politiques et religieuses de périodes troublées, et d’ailleurs, curieusement, Avignon fut gouverné par la papauté jusqu’en 1791, où les citoyens votèrent leur annexion à la France, oublieux de la gloire de leur ville durant les soixante-huit ans de la présence papale, de 1309 à 1377, date où Grégoire XI ramena le Saint-Siège à Rome.
Densité de la visite, guidée par un jeune homme très impliqué. Il faudra du temps pour remettre de l’ordre et assimiler…
On respire, on regagne le bus, la tête pleine d’images, et on fonce vers le restaurant du Vieux Moulin à Villeneuve-Lès-Avignon : cadre reposant, terrasse en surplomb sur le Rhône, poissons et canards curieux…et puis on attend, on attend…ça donne le temps de créer des liens avec les voisins ! Quand les plats arrivent enfin, ouf! de satisfaction : qualité, parts très copieuses.
Tant pis pour la Collégiale, on ira digérer en revenant à Avignon, promenade au Rocher des Doms, ou ailleurs. Et puis le retour qui assure aux uns du temps pour les papotages et aux autres le répit d’une petite sieste. Nul besoin d’aller au bout du monde pour se dépayser et admirer…
Merci aux organisateurs, On en redemande !
Toutes les photos du weekend sont visibles ici .